Edwin Edwards: Le dernier gouverneur franco-louisianais
Edwin Edwards est décédé à l'âge de 93 ans. Bien connu pour une carrière marquée par la corruption, l'infidélité conjugale, et une sorte de populisme voyant qui lui a gagné quatre mandats de gouverneur de la Louisiane sans précédent, Edwin Edwards a aussi été notre dernier gouverneur francophone.
Edwards était toute sa vie un démocrate du sud dans le style de Huey Long. Il a obtenu le soutien des communautés mal desservies. Pour son élection au poste de gouverneur pour la première fois en 1972, il devait beaucoup au vote des personnes de couleur à la Nouvelle-Orléans et il a publiquement remercié l'organisation SOUL (Southern Organization for United Leadership) pour sa popularité auprès des électeurs noirs.
Toujours vif d'esprit, Edwards n'était jamais à court de phrase-chocs pour les journalistes. Pendant sa campagne de gouverneur contre Dave Treen en 1983, il a prononcé: "Pour moi, la seule façon de perdre serait de me faire surprendre au lit soit avec une fille morte soit avec un garçon vivant." En 1991, la course contre l'ancien Grand Sorcier du Ku Klux Klan David Duke nous a donné cette pépite: "La seule chose qu'on a en commun, c'est qu'on est tous les deux des sorciers sous les draps."
Après des décennies esquivant des accusations de l'escroquerie et de la fraude, il a enfin été condamné en 2001 puis libéré en 2011.
En Louisiane, avoir un bilan scandaleux est quelconque. Il est intéressant à noter, cependant, qu'il est d'une certaine façon parmi les derniers d'une espèce en voie de disparition en Louisiane: le politicien francophone.
Edwin Washington Edwards naît près de Marksville dans la paroisse des Avoyelles en 1927. Ses parents, Clarence et Agnès Edwards (née Brouillette) parlent français chez-eux. Après être diplômé de la faculté de droit de l'Université d'État de Louisiane, Edwin entend qu'il n'y a pas beaucoup d'avocats francophones dans le sud-ouest de l'État (malgré une population importante de francophones) et il se met au travail.
Ces premiers travaux dans le domaine francophone contribueront à ses succès politiques plus tard. Les franco-louisianais auront perpétuellement l'un des leurs sur le bulletin, de son élection au conseil municipal de Crowley en 1954 à sa dernière candidature en 2014 pour la Chambre des États-Unis qui finalement échouera.
Edwards laisse derrière lui un héritage compliqué, mais un événement en particulier qui se distingue arrive juste après devenir gouverneur pour la première fois en 1972. Il voit que la Constitution de l'État, non mise à jour depuis 1921, est démodée et démesurée. C'est la Constitution de 1921 qui était si dévastatrice pour la francophonie louisianaise, poussant l'homogénéité de la langue anglaise au niveau scolaire partout dans l'État. Le gouverneur Edwards fait pression pour un nouveau document. Pour son adoption finale, la Constitution de 1974 supprime le langage néfaste, défendant "le droit du monde de préserver, favoriser, et promouvoir ses origines respectives, qu'elles soient historiques, linguistiques, ou culturelles."
La dynamique qui sous-tend ce changement mènera au département du français cadien (maintenant français louisianais) à LSU et finalement à la prolifération des écoles d'immersion dans tout l'État.
Le parcours professionnel d'Edwards couvre sept décennies. Il définit la deuxième moitié du 20e siècle en Louisiane. Edwin Edwards était drôle. Il était bilingue. il était problématique. En d'autre termes, Edwin Edwards était la Louisiane.
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